Voici des photos qui n'ont rien d'artistique. Elles ont été prises sur le vif en passant, comme le fait quelqu'un qui traverse doucement une province, à la fin du printemps ou au début de l'été...

Il arrive parfois dans l'existence qu'on finisse par devenir un étranger chez soi . Un pays vit, évolue et en tant qu'individu nous ne sommes plus toujours en phase avec lui, on reconnaît difficilement les gens, ils ne vous connaissent plus, et puis c'est une autre société. C'est une forme de solitude malheureusement, mais cela ne change pas l'attachement à la terre.

Ou alors peut-être que l'attachement à la terre est une chose viscérale, physique, sensorielle avant d'être affective. On se promène hors des sentiers battus, on court et trottine, on peint des paysages, on fait des photos, on barbote ou on nage dans la mer, pour autant qu'on peut encore se permettre ces activités.

Parlons nature, parce que de toute façon, défendre la culture des Pays Bas en restant enfermé dans un estaminet même sympathique ou dans un musée riche de collections ça aide à la prise de conscience mais ça ne suffit pas.

Dans le passé ont été subis tous les dégâts la révolution industrielle, du traumatisme intégral de la première guerre mondiale, des destructions nouvelles de la seconde guerre mondiale... Les générations qui passaient leur temps à reconstruire n'avaient pas d'état d'âme devant la destruction de l'environnement, il fallait à tout prix créer de l'activité productive et se faire une vie.

Aujourd'hui nous sommes face à autre chose, la réparation de l'environnement est devenue vitale à son tour. Les efforts de la fin du XXème siècle et du début du XXIème pour recréér en quelques places un milieu naturel digne de ce nom c'était impensable jadis. Les pouvoirs publics, les associations, les particuliers, tous ont leur part dans cette reconquête.

Et c'est heureux parce que comment demander à des gens d'aimer leur pays quand il se limite à une sortie d'autoroute, une zone vaguement industrielle et un centre commercial ? Enfin oui, les gens auront des sentiments mais qui ne dépasseront pas le cadre de la sortie d'autoroute, de la zone industrielle et du centre commercial. Autant dire qu'on ne risque pas d'aller loin.

L'Artois , hors pays minier, l'Artois rural a déjà une densité de population assez élevée, la Flandre française, hors metropole lilloise, encore nettement plus avec beaucoup d'espace bâti. Mais nous montrons ici un espace naturel qui reprend de la vigueur et qui s'avère beaucoup plus riche que ce qu'on croit généralement. Le jeu en vaut plus que la chandelle.

On se rend compte aussi que de l'Artois s'exprime une poésie et une symphonie qui lui est spécifique. De la Flandre française du sud, autre poésie, autre symphonie, tout aussi spécifique. De la Flandre française du nord, encore une autre variation avec un résultat qui lui est spécifique. Notre pays qui a largement vécu en complexe d'infériorité n'est pas non plus un pays mieux que les autres, il n' y a aucun doute là-dessus. Donc ni pire ni mieux, mais il faut reconnaître que c'est un pays à part, son particularisme émane de toutes ses facettes.

Et puis la poésie plus la musique alliées au travail, cela devrait améliorer concrètement la vie des gens.

FLANDRE FRANCAISE DU SUD

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Anciennement appelée Châtellenie de Lille , voici une région historique qui s'étend de la rive sud de la Lys jusqu’aux lisières de la forêt de Marchiennes. Elle est subdivisée en territoires tout aussi historiques, Weppes, Melantois, et les autres...

Cette partie méridionale des Flandres était et est de langue française, le dialecte populaire hier largement en usage aujourd'hui beaucoup moins s'appelle le Picard, comme c'est aussi le cas en Artois .

L'aspect physique du pays a été bouleversé par la révolution industrielle. De toute façon la Flandre française du sud se distingue de celle du nord (c'est à dire le Westhoek) parce qu'elle a depuis longtemps modifié ses structures agricoles. Les exploitations sont moins nombreuses et de taille nettement plus grandes. De plus, l'habitat dispersé, si répandu au nord, est ici moins fréquent. L'espace donne plus de perspective, à la vue, de ce côté-ci.

Mais la métropole Lille Roubaix Tourcoing tient un rôle écrasant en terme de chiffre de population en Flandre du sud. Sa culture urbaine traditionnelle, industrielle, marquée par la division des classes sociales est dominée par l'univers chtimi. Il faut prendre en compte aussi et entre autres un apport moderne dû à une forte immigration nord-africaine.

Les espaces naturels sont en nombre limités mais ils sont très diversifiés et répandus dans toute la Flandre du sud. Ils sont d'une grande qualité et leur beauté physique devient d'autant plus spectaculaire que ces environnements protégés sont dispersés dans une région urbanisée, industrialisée et assez déracinée dans tous les sens du terme.

On peut donc vivre ici dans des rythmes et des conditions très contrastés, rien que cela vaut déjà le détour et la curiosité.

 ARTOIS

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Il y a des gens dont on dit qu’ils ne sont pas photogéniques . C’est peut-être pareil pour certains pays, alors si je propose peu de clichés personnels sur ma vieille province c’est parce que je ne la trouve pas photogénique.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’ Artois est surtout sensoriel et ne s’embarrasse pas d’un support écran, c’est donc quand on est physiquement plongé dedans qu’on apprécie cette terre .

Il n’est pas étonnant que lorsque la randonnée pédestre et le cyclotourisme sont devenus à la mode la petite province a été littéralement redécouverte. Son potentiel touristique reste cependant sous-exploité par les autochtones mais c’est une autre histoire.

De notre point de vue environnemental, l’attrait de l’Artois se déploie du sud au nord des célèbres collines, sur plus d’une soixantaine de kilomètres et par le non moins célèbre marais audomarois qui borde ces collines au nord est.

Campagnes assez homogènes, équilibrées, préservées, un vent de liberté verte, vous n’y verrez rien de spectaculaire, d’où la problématique photo, mais vous ferez l’expérience d’une atmosphère spécifique. Cette simplicité rurale qui entraîne des inconvénients certains sur le plan de vie a involontairement contribué à préserver le patrimoine naturel.

Dans les périodes où le travail agricole, le travail du bois, sont ralenties, la campagne artésienne, si calme, présente une douceur un peu mélancolique, presque abandonnée, propice aussi bien à la rêverie qu’aux activités sportives. En tous cas, il n’ y a pas de pression dans ces moments-là, et puis oubliez le nord de la France, ici vous êtes bien dans le sud, le vrai sud des anciens Pays Bas.

 CALAISIS

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Le Calaisis constitue géographiquement l'extrémité sud ouest de la plaine maritime flamande, face à un célèbre détroit entre l'Angleterre et le continent.

C'est une entité historique qui a été créée brutalement après la fin de la guerre de cent ans qui marque aussi la fin du moyen-âge et le début de la renaissance. Un bien petit territoire artificiellement découpé qui a été longtemps l'enjeu, la frontière économique, militaire entre le royaume d'Angleterre, le royaume de France, les anciens Pays-Bas. Cette tension constante, cette violence latente a durement éprouvé le Calaisis, l'a plongé dans une grande pauvreté et sa population a connu des transferts importants.

Hasard ou pas, le Calaisis moderne est traditionnellement un exemple de crise sociale.

Son patrimoine naturel est d'une diversité remarquable pour une si petite province : polders, marais, basses collines, dunes falaises...

Deux symboles, mais il y en a d'autres car le Calaisis lui-même est symbole, d'abord le cap Blanc Nez qui est la dernière falaise du littoral entre Manche et Mer du Nord . Au-delà du Blanc-Nez, les dunes vont maintenant régner sans interruption jusqu'au Danemark où réapparaîtront les falaises.

Et puis la réserve naturelle du platier d'Oye à l'autre bout du Calaisis. Antithèse de la côte belge immobilière, antithèse de la côte industrielle dunkerquoise, bastion de l'authentique nature flamande maritime, elle s'est constituée dans les années 1970 dans une première étape. C'est le fruit de la volonté d'un maire et des partisans du projet dans un contexte défavorable et qui a surmonté les difficultés pour aboutir dans les années 1980.

Le pays peut être reconnaissant à certains de ses enfants.